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  • Photo du rédacteurlaetitiaam

Le temps partiel est-il un choix raisonnable?

Dernière mise à jour : 9 oct. 2020

Le temps partiel, moyen efficace pour concilier vies familiale et professionnelle, aurait un impact négatif sur les rentes de prévoyance vieillesse des femmes. Quels sont les enjeux de ce choix?




La Suisse est l’un des pays d’Europe où l’on accorde le plus de temps partiel aux femmes. En 2018, 59% d’entre elles y ont eu recours avec une progression de presque 10% depuis 1991. Souvent vécu comme un privilège, cet aménagement permet d’organiser sa vie familiale tout en continuant à travailler.

Ce choix est intéressant car il touche à des raisonnements parfois inconscients. Le poids du modèle familial, les habitudes sociétales, le soutien des institutions, le prix d’une garde ou encore les représentations liées à la séparation de l’enfant suggèrent le rythme de vie qu’on veut lui donner.


Le désir de s’occuper de leur bébé


La première raison qu’évoquent les femmes est le désir de s’occuper de leur bébé. A quoi sert-il d’avoir des enfants si quelqu’un d’autre doit s’en occuper cinq jours par semaine? Voilà une question qui révèle des sentiments maternels souvent complexes tels qu’un besoin instinctif de voir son enfant ou encore de la culpabilité à retourner pleinement au travail.

Pour Maribel Rodriguez, cheffe du Bureau vaudois de l’égalité, cette décision doit être prise en connaissance de cause. «Il est tout à fait honorable de se consacrer à l’éducation de ses enfants, mais il faut au minimum être consciente des impacts de ce choix, 40% des mariages finissant par un divorce… Les femmes doivent se demander si elles sont prêtes à assumer une éventuelle situation de précarité. Je suis d’avis qu’elles décrochent le moins possible de la vie professionnelle», déclarait-elle dans 24 heures en août dernier.¹


En effet, outre le calcul du prix d’une nounou, les conséquences fiscales et l’organisation du rythme de garde, le temps partiel devrait être envisagé en anticipant les risques qu’il comporte à long terme: atteinte aux trajectoires professionnelles, frein des augmentations de salaire, difficulté à revenir au plein emploi et surtout baisse des cotisations sociales qui se feront ressentir sur les ressources disponibles à la retraite des femmes.

Dans une étude sur le travail des mères en Suisse², il ressort que les salaires moyens et bas sont plus à risque de suivre une trajectoire professionnelle qui ne comblera pas leur caisse de pension. Les professions indépendantes offrent également une flexibilité périlleuse, amplifiée par l’absence d’obligation de cotisation pour les 2e et 3e piliers.


Des questions essentielles


Malgré ces arguments froidement concrets, les couples vivent un vrai bouleversement émotionnel en devenant parents et se demandent naturellement quel rythme de vie proposer à leurs enfants? Comment transmettre tout ce qu’on souhaite à un enfant qu’on voit trop peu? On sait que les interactions reçues les premières années de vie construisent les bases de la personnalité de l’enfant et de l’adulte qu’il deviendra. Comment confier cette tâche à une autre personne? Aussi, de quelle manière rester disponible émotionnellement pour son enfant lorsque la vie de famille est envahie par une activité professionnelle effrénée? Que transmet-on à ce moment?

Tous ces doutes sont légitimes car il s’agit d’un exercice habile que de conjuguer vies privée et professionnelle. Chaque parent doit trouver des réponses adaptées à sa situation et cela implique parfois de gros changements. Rester en plein-emploi ou pas, le choix doit être éclairé et décidé à deux car il concerne le couple. La contribution du père et la possibilité de temps partiel pour les hommes sont essentielles pour l’avenir professionnel des femmes.

Le temps partiel haut (supérieur à 60%) présente des avantages économiques évidents à condition qu’il ne s’agisse pas d’un temps plein déguisé. En le combinant avec d’autres mesures flexibles, comme le télétravail par exemple, il permettra aux femmes de s’épanouir comme mères actives. Ainsi, elles n’auraient pas à faire le choix «déraisonnable» d’interrompre leur carrière.


1) «Le temps partiel féminin perpétue les inégalités», «24 heures» du 12.08.2019

2) «Le travail des mères en Suisse: évolution et déterminants individuels» N° 10, octobre 2017, Francesco Giudici, Ufficio di statistica del Cantone Ticino Reto Schumacher, Statistique Vaud

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